Jack et le Docteur étaient arrivés devant la grille fermée du parking du Hub.
Ten : Ben dis-moi, t’as pas fait dans le léger !
Jack : Faut bien décourager les curieux et les rôdeurs. Le Stade est à l’abandon… Et le quartier n’est plus aussi sûr qu’il l'était.
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Adossé à la porte, en haut des escaliers, Dan Bilis reprenait son souffle. Il venait de passer la première étape avec une facilité déconcertante et il n’en revenait toujours pas d’avoir trouvé la porte ouverte. Il descendit les marches et se retrouva dans la salle principale. Le crépitement incessant du contrôleur de faille résonnait dans l’immense vide et semblait venir de tous les cotés à la fois.
Dan se dirigea vers l’ordinateur se trouvant dans le bureau de Jack, il s’était dit que pour avoir un accès direct au programme de mise en quarantaine, il devait donc aller sur l’ordinateur du capitaine. Il s’assit sur la chaise et commença à chercher le programme de verrouillage de la base. Après quelques recherches infructueuses dans divers dossiers, son regard fut attiré par une icône sur le bureau. Une simple icône, tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Rouge avec une croix jaune en dedans. Il se dit que ce ne pouvait encore être aussi facile. Mais il cliqua tout de même dessus. Il plongea la main dans sa poche intérieure et en sortit un minidisque numérique qu’il inséra dans la prise sur le coté de l’écran. Une fenêtre apparut.
Au bout de deux minutes, il fut plongé dans le noir total avant que les générateurs d’appoint inondent la salle d’une lumière rouge orangée. Il venait de bloquer les accès au Hub. Il remercia intérieurement son père de lui avoir légué ce disque. Ingénieur informatique au chômage ayant plongé dans le piratage de données sensibles, avant de céder lui aussi à l’appel de son aïeul, Bruce Bilis avait créer un virus universel qu’il comptait utiliser sur le gouvernement de l’époque. Mais c’est au même moment qu’il avait reçu l’héritage familial et il garda le virus en prévision du "grand jour". Et ce grand jour était finalement arrivé, mais c’était à Dan que revenait cet honneur. Il s’adossa un moment sur le fauteuil. Ferma les yeux et respira profondément. Il serait tranquille pendant un moment.
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Will faisait les cent pas dans le Tardis, condamné à y rester enfermé jusqu’à ce que Jack ou le Docteur trouve une solution pour arrêter le massacre à venir. Il grommelait seul, il n’aimait pas être impuissant, alors que ses amis étaient peut-être en danger.
Il se résolut à s’asseoir sur le sol, le dos contre la console. Une douce chaleur montait le long de sa colonne vertébrale à un rythme régulier, comme si le Tardis essayait de partager sa peine et son angoisse. Il remonta ses genoux contre sa poitrine, y croisa les bras et posa sa tête dessus.
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Jack était en train de taper le code d’entrée sur le digicode. Une lumière rouge lui indiqua que sa tentative avait échoué. Pensant avoir été trop vite où avoir ripé sur une des touches, il recommença plus lentement. 19-08-83-09
Une nouvelle fois, le voyant rouge clignota.
Ten : Un problème ?
Jack : Le code ne marche pas. Il a dû mettre en place le confinement automatique. Mais comment ?
Ten : Laisse-moi essayer !
Le Docteur prit la place de son ami devant le clavier et de son tournevis sonique scanna chaque chiffre un par un, essayant de débloquer le mécanisme. Mais rien ne se produisit.
Ten : Niet. Rien. Nada… Désolé Jack, je ne peux pas l’ouvrir cette fois ci !
Jack : Le programme de quarantaine scelle le Hub pour une durée de 8 heures. Dan Bilis aura le temps de rayer le monde de la carte de l'univers une dizaine de fois !
Ten : Il y a peut-être une solution. Je peux peut-être contourner la quarantaine en essayant de m’y introduire avec le Tardis.
Jack : Bonne idée, je rappelle Simon et Eirwen. Ils doivent de toute façon être également bloqués.
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Will s’était assoupi, bercé par le ronronnement et la chaleur du Tardis. Il fallait dire que ces dernières 12 heures n’avaient pas été de tout repos pour lui et il n’avait pas fermé l’oeil depuis plus de 24 heures maintenant.
Voix : Will !
Il se réveilla en sursaut. Il mit quelques secondes à reprendre ses esprits et réaliser où il était.
Voix : Will !
Il tourna la tête vers la voix qui l’appelait et aperçut sa collègue.
Will : Deiry ?
Deirdre : Will, ça y est… Viens ! Ils ont réussi !
Will : Quoi ?
Deirdre : Ils ont arrêté Bilis ! Tu peux sortir ! Tu n’as plus rien à craindre !
Will : C’est vrai ?
Will se releva d’un bond et courut à l’encontre de Deirdre qui l’attendait près des portes, mais il s’arrêta brusquement.
Will : Comment es-tu entrée ?
Deirdre : La porte était restée ouverte, je n’ai eu qu’à la pousser.
Will sentit un vent froid lui parcourir la base du cou. Instinctivement, il recula de quelques pas.
Will : Qui êtes-vous ? Vous n’êtes pas Deirdre !
Deirdre : Qu’est-ce qui te prends ? Jack m’envoie te chercher, tu peux sortir ! C’est fini je te dis !
Will revoyait les images des dernières heures. Lui, seul avec Eirwen et Simon dans le Tardis, Jack et le Docteur ensemble … Mais il n’avait pas revu Deirdre. Et Simon avait dit que le Hub avait été l’objet d’une intrusion et vu le ton de sa voix, ce n’était pas bon. Si Deirdre avait été à l’intérieur, elle aurait pu lui ouvrir.
Il était de plus en plus inquiet. Ce n’est pas qu’il s’entendait bien avec Deirdre, loin de là. Leurs relations étaient exclusivement professionnelles. Ils ne s’étaient trouvé aucun point commun et généralement, Will n’essayait pas de forcer le destin en obligeant les gens ou lui-même à devenir « les meilleurs amis du monde ». Et dans un sens, à Torchwood, cela valait mieux. Mais elle était sa collègue et son absence l’inquiétait.
Will : Je sais que vous n’êtes pas Deirdre ! Où est-elle ?
Le corps de Deirdre commença à devenir transparent et à laisser place à celui d’un vieil homme.
Will : Bills !
Bilis : Ravi de vous revoir en chair et en os. Vos voyages vous ont plu ?
Will : Où est Deirdre ?
Bilis : La pauvre Deirdre nous a quitté, j’en ai bien peur.
Will : Quoi ?
Bilis : J’ai failli arriver à mes fins avec elle. La faille aurait pu être ouverte depuis longtemps si …
Will ne voulait pas entendre la suite. Il ne voulait pas que Bilis lui confirme de qu’il redoutait. Mais il n’en avait pas besoin. Si elle lui était apparue, cela ne pouvait dire qu’une seule chose. Elle était morte et elle venait le hanter.
Bilis : Mais ce n’est plus qu’une question de minutes maintenant. Je peux vous faire voir ce qui va arriver! Si vous êtes assez courageux.
Tétanisé par la tristesse qu’il ressentait, Will ne bougea pas lorsque Bilis lui attrapa le bras. Il sentit comme des millions de picotements dans tout le corps et se retrouva à l’intérieur du Hub. Devant lui se trouvaient Jack et le Docteur près du Tardis, à leur gauche Eirwen et Simon. Dan Bilis était près du manipulateur de faille, il tenait le levier. Jack, Eirwen et Simon le tenait en joue tandis que le Docteur essayait de le raisonner afin de le sauver.
Bilis Manger apparut alors près de lui et lui ordonna de baisser le levier, ce qu’il fit immédiatement. Jack tira, le Docteur hurla et la faille s’ouvrit en plein milieu du Hub. C’était comme une tempête qui s’abattait sur les occupants, emportant tout sur son passage… Feuilles, dossiers, mobilier léger… Tout était aspiré par la faille.
Will assistait à l'horreur qui se déroulait, il voyait ses amis tenter de s’accrocher pour résister à l’aspiration, mais celle-ci était de plus en plus forte et Eirwen fut la première à lâcher prise. Puis ce fut tellement rapide que cela sembla s’être déroulé en une fraction de seconde. Les meubles furent arrachés du sol et engloutis, emmenant au passage Jack, Simon et le Docteur et enfin le Tardis. Les murs commençaient à subir la force d’attraction de la faille et se déformaient dangereusement jusqu’à exploser et suivre le même chemin. La faille était en train d’aspirer non seulement le Hub, mais au rythme où elle allait, elle allait aussi faire disparaître Cardiff, puis ce serait le tour de la Grande-Bretagne et la Terre toute entière.
Will se retrouva brusquement ramené à l’intérieur du Tardis. Il avait les jambes telles du coton et dû se reposer contre la console afin d’éviter de s’effondrer. Son visage était enlaidi par une expression d’horreur, la bouche à moitié ouverte, les yeux exorbités, rougis et humides.
Will : Vous mentez.
Bilis : Mes visions ne mentent jamais, sachez le.
Will : Mais pourquoi me montrer cela ?
Bilis : Je n’ai rien à craindre, j’ai déjà gagné ! Abaddon va renaître de ses cendres. Une clameur géante sortira du puits sans fond, comme un prélude à l’apocalypse jetant l’effroi sur les peuples et initiant la fin du monde.
Au même instant la porte du Tardis s’ouvrit sur le Docteur et Jack qui se figèrent devant la vision de Bilis et de Will. Ce moment lui permit de s’évanouir.
Jack : Will ! Qu’y a t-il ?
Jack tentait de le ramener sur terre, il le tenait par les épaules et le secouait. L’expression de Will lui faisait mal.
Will : Jack… C’est la fin ? C’est vraiment la fin ?
Des larmes coulaient à présent sur les joues du jeune homme. Jack les essuya avec ses paumes et déposa un baiser sur son front.
Jack : Non, ce n’est pas la fin. Je te promets que ce n’est pas la fin ! Tu m’entends ! Will ! Je te le promets.
Eirwen et Simon arrivèrent à leur tour, essoufflés.
Ten : Jack ! J’ai besoin de toi ! Il faut que tu m’aides à stabiliser le Tardis pendant que j’outrepasse la quarantaine.
A ces mots, Will réagit. Il avait bien entendu « outrepasser la quarantaine » ? Cela voulait dire qu’ils allaient tenter d’entrer dans le Hub. La première partie de la prophétie de Bilis était sur le point de se réaliser.
Will : Vous ne pouvez pas faire ça ! On va tous être engloutis par la faille !
Jack : De quoi tu parles ?
Will : Je l’ai vu Jack, ça va se passer… La prophétie de Bilis ! La fin du monde !
Ten : Ne vous inquiétez pas, les prophéties sont faites pour être brisées, j’en sais quelque chose ! Jack ! Maintenant !
Le Docteur appuya sur la manette de mise en route et le Tardis fut prit de soubresauts et semblait rebondir sur quelque chose d’invisible.
Ten : Coriace ton confinement ! Mais … Voilà ! On y est !
Le calme revint à l’intérieur du vaisseau. Ils s’étaient matérialisés dans le Hub et sur l’écran de contrôle Jack pouvait voir Dan Bilis s’avancer vers le contrôleur de la faille. Il s’élança vers la porte du Tardis et l’ouvrit à la volée tout en dégainant son arme.
Jack : Restez où vous êtes !
Dan : Trop tard… C’est ma destinée.
Jack : La fin du monde ? votre destinée ?
Dan : La fin de ce monde Capitaine et le début d’un nouveau !
Jack : Vous êtes fou !
Simon et Eirwen s’étaient postés à la gauche du capitaine et le Docteur avait prit place à coté de lui. Will revoyait exactement la vision qu’il avait eue.
Ten : éloignez-vous Dan ! Je peux encore tout arranger ! Ce n’est pas la peine de détruire ce monde pour en construire un meilleur. Vous avez encore tant à apprendre, à connaître, à découvrir !
Dan : Vous mentez !
Ten : Non, venez avec moi et je vous montrerai que le futur peut être magnifique !
Une nouvelle partie de la vision de Will se réalisa. Bilis Manger apparut près de son descendant et l’exhorta à baisser la manette d’ouverture automatique de la faille. Sans réfléchir, Will sortit de l’embrasement de la porte du Tardis et s’élança vers les deux hommes. Dan eut le temps de baisser la poignée, ce qui fit apparaître derrière eux une ouverture spatio-temporelle. Jack vit trop tard que Will se dirigeait vers eux et ne pu l’arrêter lorsqu’il passa à coté de lui.
Jack : Will !
Will : Désolé Jack ! J’aurais préféré que ça se finisse autrement. Ferme la brèche !
Will percuta alors les deux Bilis et les entraîna avec lui à l’intérieur de la faille. Tout s’était déroulé si rapidement. Jack regardait la brèche sans la voir, les bras ballants, des larmes dans les yeux. La tempête commençait à se former dans la salle, tout s’était mis à voler autour d’eux.
Ten : Jack !
Jack : Will…
Ten : Jack ! Referme la brèche, je vais essayer de le ramener ! JACK !
Le capitaine reprit ses esprits et se dirigea vers l’ordinateur pour taper les codes de fermeture. Eirwen était effondrée dans les bras de Simon qui n’était pas dans un meilleur état.
Le Docteur quant à lui était retourné dans le Tardis pour pister la signature de Will et le ramener.
Tout comme la dernière fois, quelques heures auparavant, il fallut une grosse demi-heure à jack pour réinitialiser le programme.
Jack : Doc ! J’y suis ! J’ai refermé la faille à son minimum. C’est maintenant ou jamais ! je ne peux pas la laisser ouverte trop longtemps.
Ten : Encore une petite minute… Je l’ai presque ! Voilà ! Ferme la !
Jack appuya sur le bouton « entrer » du clavier et la faille se referma. Tout était sens dessus dessous dans le Hub, mais cela, Jack n’en avait que faire. Il cherchait désespérément des yeux celui qui venait de se sacrifier, mais il ne le voyait nulle part.
Il se rapprocha de l’endroit où était apparue la faille et découvrit le corps inanimé de son ami. Il s’écroula à terre et l’enserra.
Le Docteur le rejoint accompagné de Eirwen et Simon. Il mit sa main sur l’épaule du Capitaine qui le regarda suppliant.
Jack : Dis moi qu’il peut le refaire ?
Ten : Je ne sais pas. L'a t-il déjà fait ?
Jack : Une fois.
Ten : Il ne reste plus qu’à espérer qu’il puisse le refaire.
Jack avait la tête de Will dans ses mains, il se pencha pour y déposer un baiser sur ses lèvres lorsqu’un filet lumineux en sortit, mais il s’évanouit aussitôt.
Ten : On dirait que la faille a absorbé son énergie. Il n’en a plus assez pour…
Mais avant que le Docteur n’ai pu finir sa phrase, le Tardis émit un chant mélancolique et libéra son énergie qui vint s’enrouler autour du corps du jeune homme.
Will ouvrit les yeux et vit son capitaine penché au-dessus de lui.
Jack : Will !
Will : Jack !
Ten : Hé bien, mon jeune ami, je crois que le Tardis vous aime bien. Je ne sais pas ce que vous lui avez dit ou fait, mais il n’était pas prêt à vous laisser partir.
Will : Je parierais qu’il est en manque de café.
Jack et le Docteur éclatèrent de rire devant les regards hébétés des deux autres membres de Torchwood. Jack aida Will à se relever. Eirwen se jeta une nouvelle fois à son cou pour l’embrasser tandis que Simon se contenta de lui proposer une bonne poignée de main. Will se retourna vers le Docteur :
Will : Merci.
Ten : Je l’accepte pour vous avoir ramené. Mais pour ce qui est du reste, ce n’est pas moi qu’il faut remercier.
Will esquissa un sourire et ajouta, plus en direction du Tardis que du Docteur.
Will : Avant votre départ, je viendrai vous préparer un café spécialement pour vous, vous avez toujours le percolateur j’espère.
Ten : Bien entendu !
La réponse du Docteur fut accompagnée par un sifflement aigu venant du Tardis, que tous reconnurent comme un signe de joie. Ils sourirent tous, heureux d’être sains et saufs et d’avoir éviter la fin du monde.
A suivre dans l'épisode 4x05 de Torchwood : Back to the past . Des révélations sur un des membres de Torchwood.